Le Docteur Daniel CAROFF est médecin généraliste de formation, spécialisé dans les médecines complémentaires. Directeur et fondateur d’une école de naturopathie appelée l’ANE (Académie de Naturopathie Essentielle) il met en évidence le lien qui existe entre la naturopathie occidentale et la médecine traditionnelle chinoise, deux formes de soins qui ont une vision holistique de l’être humain.

Docteur CAROFF, vous êtes médecin généraliste spécialisé dans les médecines complémentaires. Dites-nous-en un peu plus sur cette pratique.

Après avoir étudié l’acupuncture à la faculté de médecine, j’ai étudié la Médecine Traditionnelle Chinoise pendant 4 ans à l’IMTC avant d’approfondir encore la pharmacopée chinoise avec le Professeur Éric MARIE.

J’ai étudié ensuite la phytothérapie occidentale car, pour moi, il était intéressant de connaître les deux types de phytothérapie. Pour cela j’ai passé un diplôme universitaire à Besançon puis j’ai suivi une formation dans une école privée pendant deux ans. J’ai également passé un diplôme d’homéopathie pour apprendre cette médecine complémentaire aux autres. 

En plus de l’acupuncture je me suis également formé à d’autres pratiques énergétiques, tels que l’EFT (percutions de points d’acupuncture pour la résolution de problèmes émotionnels) et la kinésiologie. J’ai également un cursus psychologique puisque j’ai travaillé en hôpital psychiatrique durant quelques années.

Lorsque j’ai étudié l’acupuncture en faculté de médecine, je me sentais frustré car l’acupuncture ne représente pas la Médecine Traditionnelle Chinoise. Ce n’est qu’une partie de cette médecine et souvent les médecins acupuncteur ne connaissent que cela.

Pourtant il faudrait au moins y associer la pharmacopée chinoise.

Si l’acupuncture est le Yang, la pharmacopée est le Yin.

C’est pour cette raison que j’ai choisi de faire une initiation à la pharmacopée chinoise destinée aux médecins pour compléter la formation d’acupuncteur.

Quel est l’avantage d’utiliser la pharmacopée chinoise en plus de la phytothérapie occidentale ?

Ces pratiques sont très proches l’une de l’autre. En effet on retrouve les cinq branches de la MTC dans la naturopathie. 

Toutefois la pharmacopée chinoise a su conserver cette connaissance de l’action énergétique des plantes et des produits. C’est une connaissance que nous avons perdu en occident.

Nous n’utilisons plus les plantes médicinales que pour leurs propriétés chimiques. 

On ne sait pas, par exemple, comment tonifier le Qi, nourrir le Yin, ou bien encore libérer la stagnation du Qi du foie.

Comment se fait-il que l’occident n’aie pas connaissance de cette notion « d’énergie » ?

La question énergétique n’est sortie de notre culture occidentale que depuis moins d’un siècle.

En effet, au 19ème siècle, les médecins étaient souvent appelés “vitalistes”. À l’époque, l’action principale des médecins devait être de réguler et de fortifier la circulation de l’énergie vitale de l’être humain. Un siècle plus tôt encore, avec Samuel Hahnemann, fondateur de l’homéopathie, on retrouve l’intention d’extraire la « dynamis » des plantes, qui est l’énergie vitale des remèdes. 

On peut ainsi remonter dans l’histoire de la médecine jusqu’à la médecine égyptienne et constater que, dans tous les courants médicaux, il a été question de circulation d’énergie vitale. Cette notion est donc présente dans tous les courants de la médecine depuis des milliers d’années ainsi que dans les médecines complémentaires.

Il est toujours question d’une énergie immatérielle que le thérapeute se doit de réguler et de fortifier en cas de nécessité.

D’un point de vue scientifique cela s’explique simplement :

L’être humain est constitué de 99,9999 % de vide.

Nous ne sommes que de 0,0001% de matière. Dans ce cas comment se fait-il que notre corps physique ait une cohésion alors que nous ne sommes faits majoritairement que de vide ?

Il y a des forces qui sont présentes au niveau même des atomes entre le noyau et les électrons, puis au niveau des molécules, que l’on peut appeler de l’énergie. Nous sommes donc constitués majoritairement d’énergie.

En physique quantique on estime que l’on peut tout observer du point de vue de son aspect matériel, corpusculaire, ou de son aspect énergétique, telle une onde. Einstein lui-même nous dit E = MC2, ce qui montre bien le lien direct entre énergie et matière. 

René Descartes a fait l’hypothèse de départ que pour étudier un objet il était plus facile de le séparer. Son but étant d’étudier le lien entre le corps et l’esprit, il a commencé par les étudier séparément. Cela a entraîné la pensée occidentale.

Toutefois, à la fin de sa vie, il a pris conscience de son erreur. Il a alors tenté de nous mettre en garde et de nous prévenir qu’il n’était pas possible de séparer le corps et l’esprit mais son avertissement a été oublié. Nous avons donc gardé cette théorie cartésienne de toujours séparer davantage les éléments.

En acupuncture nous avons pu vérifier l’existence des points d’acupuncture de manière physique. Il y a des liens qui existent pour lesquels on peut facilement trouver des correspondances. 

Le QI Gong nous permet par ailleurs de ressentir l’énergie qui est en nous et l’on peut ainsi facilement vérifier par soi-même l’existence de cette énergie. 

Pour moi la médecine occidentale est un support à ma pratique thérapeutique. Mes 10 années d’études au sujet des maladies et le fonctionnement du corps humain me permettent aujourd’hui d’être un thérapeute plus accompli.

Cependant, la santé et le soin ne sont pas réservés aux médecins. On peut être un bon thérapeute sans être médecin. Il faut toutefois bien se former, connaître ses limites et ne pas déborder de son champ de compétence car il ne revient pas au thérapeute d’effectuer un diagnostic médical ni de donner un traitement à but thérapeutique, ce qui reste la prérogative des médecins formés pour cela.

C’est pour cette raison que j’enseigne à la fois à la fac de médecine pour les médecins et les étudiants en médecine souhaitant se former en pharmacopée chinoise et s’ouvrir à des médecines complémentaires mais également, dans un cadre non universitaire, à des gens qui ne sont pas médecin mais qui souhaitent aider les autres et apprendre un métier tel que naturopathe.

Quelles difficultés rencontre-t-on lorsque l’on pratique la pharmacopée ?

La pharmacopée chinoise est très compliquée et elle nécessite des produits pouvant être dangereux ou interdit en France.

Je l’ai étudiée pendant six ans sans pour autant parvenir à maîtriser totalement cette pratique qui contient des centaines de formules, des centaines de produits et dont les noms sont en chinois la plupart du temps.

Au sein de mon école de naturopathie j’ai choisi d’enseigner aux étudiants non seulement la phytothérapie mais également les bases de la pharmacopée chinoise.

Je leur présente régulièrement les produits du laboratoire JZ car ils sont facilement accessibles et ne nécessitent pas de connaissances spécifiques à la MTC pour être correctement utilisés : il suffit d’en connaître les indications. Comme le nombre de produits proposés reste limité il est facile de bien les maîtriser et d’avoir de très bons résultats. Ils ont su en extraire les remèdes les plus efficaces et autorisés en France. C’est essentiel pour avoir une garantie de sécurité dans nos prescriptions.

Dans la médecine occidentale, lorsque le patient a un problème au foie, il faudra attendre que la prise de sang révèle un taux élevé de transaminases avant de traiter.

Pourtant lorsque les transaminases sont élevées, cela indique que les cellules du foie sont déjà atteintes.

Dans ce cas de figure la médecine occidentale reste très limitée, tandis qu’en pharmacopée chinoise, grâce au traitement SEDUM PLUS, par exemple, il sera possible de traiter le foie en amont et même de régénérer les cellules hépatiques déjà endommagées si besoin.

Grâce à différents signes tel que l’étude du pouls et de la langue, il est possible de déceler une pathologie avant qu’elle ne détériore les organes. 

C’est tout l’intérêt de ces médecines de terrain qui vont fortifier et réguler le terrain de patients pour qu’ils ne tombent pas malades.

Il s’agit d’une médecine préventive.

Il ne s’agit pas seulement de soigner les personnes mais de leur inculquer une qualité de vie plus saine.

En effet, quelle est la cause des maladies ? Il y a les facteurs externes bien sûr, tels que la pluie le vent etc. mais il y a également les facteurs internes. Il s’agit, dans ce cas, des émotions négatives : la colère, la tristesse, la rumination...

Il est essentiel de se souvenir qu’il s’agit en réalité de la première cause de maladie : laisser vivre les émotions négatives en soi.

Les émotions négatives affectent les organes et dérèglent les méridiens.

L’équilibre psychologique constitue l’un des piliers de la naturopathie. Ainsi lors des formations dans mon école nous travaillons sur les émotions et les schémas de pensée, sur notre façon de voir le monde, de voir les autres, etc. car c’est cela qui nous rend malade, bien plus que les pesticides et autres toxiques.

Comment nos émotions peuvent-elles être à l’origine de nos pathologies ?

Dans un cas de colère refoulée pouvant blesser le foie et ainsi, par exemple les tendons, il sera possible de traiter la pathologie par plusieurs remèdes. Mais si le patient ne transforme pas sa colère refoulée, qui est toujours égocentrée et le signe d’une incompréhension de la réalité, cette colère affectera à nouveau le foie. Peut-être de façon différente, par de l’épilepsie, une hépatite ou une agression de foie sur la rate et l’estomac causant un ulcère mais le problème demeurera présent. 

Dans une version plus ancienne, les cinq éléments ne sont pas en cercle mais présente la Terre est au centre et les quatre autres éléments autours.

Au niveau de l’être humain, la Terre correspond au système digestif qui est au centre de notre organisme et qui est lié aux pensées. On sait aujourd’hui que selon notre alimentation, nous penserons différemment. Cela nous semble évident dans le cas de l’alcool par exemple mais le reste de notre alimentation aura, elle aussi, une incidence sur notre système de pensée. Ce système de pensée aura à son tour une influence sur le Cœur et peut entrainer des émotions négatives. 

La Terre, qui donc représente la Rate et le Pancréas, est à l’origine de la pensée. Au-dessus se trouve le Feu lié au Cœur et dont les émotions sont l’amour ou au contraire la haine. C’est cette émotion qui sera à l’origine des maladies cardiaques.

Souvent l’axe central de la Médecine Traditionnelle Chinoise est placé entre le Rein et le Cœur, l’axe SHAO YIN.

Pourtant en occident aujourd’hui, l’axe le plus important est l’axe entre la Terre (qui est le centre de l’homme et son intellect) et le Feu, le Cœur et les émotions. Le Cœur étant le logis du SHEN, il est normal qu’il soit la source des maladies.

Enfin, l’être humain est donc constitué du XIN (la forme), du QI (qui anime cette forme) mais aussi du SHEN (l’esprit).

Tout réel thérapeute doit donc aussi s’intéresser au SHEN (à l’Esprit), sinon il ne pourra pas soigner la personne dans sa globalité. La Médecine Traditionnelle Chinoise a su garder ce savoir ancestral et respecter les sources de la Tradition.

Il serait bon que la naturopathie et même la médecine occidentale, intègrent aussi la dimension du SHEN. 

Rappelons-nous que « médicament » vient du latin « madicare mens » qui signifie « soigner par l’esprit ». La perte de la notion de SHEN est probablement le plus grand manque de la médecine occidentale et la MTC peut aider l’occident dans ce sens.