Pratiquer avec passion la Médecine Traditionnelle Chinoise et la transmettre sont deux choses qui pourraient sembler naturellement aller de pair et, pour autant, les deux ne font pas toujours bon ménage.
Pour ma part, lorsque j’ai commencé la MTC, j’étais tellement absorbé à explorer tous les pans de ce qui est à la fois une merveilleuse médecine, mais aussi une belle philosophie, que je n’imaginais pas qu’un jour je me retrouverais face à des étudiants, avec l’envie de leur faire partager ce qui, pour moi, avait été une révélation.
Or, depuis quelques années maintenant, malgré un emploi du temps surchargé, je continue à prendre un plaisir immense à préparer mes cours dans l’optique qu’ils soient aussi bien perçus que ce que je voudrais transmettre ; et un plaisir encore plus grand à me tenir devant une assemblée d’élèves prêts à s’approprier ce savoir millénaire.
Outre le fait qu’un professeur doit guider et faciliter la transmission du savoir à ses élèves en utilisant diverses méthodes d’enseignement, il est aussi important qu’il crée un environnement d’apprentissage stimulant pour les encourager à atteindre leur plein potentiel et vérifier qu’ils ont parfaitement acquis le savoir pour qu’ils puissent ensuite se l’approprier et cheminer sur la route qu’ils sont venus chercher en s’inscrivant dans une école de MTC.
Quelle différence, me direz-vous, avec un professeur de n’importe quelle matière, soucieux de transmettre un savoir ?
Aucune, excepté le fait que cette médecine millénaire, dont tout le monde a entendu parler mais dont peu de gens savent ce qu’elle est vraiment, est la médecine vers laquelle un consultant va se tourner avec des attentes encore plus grandes, soit parce qu’il aura tout tenté avant, soit parce qu’une personne qui en a vécu les bienfaits l’aura convaincu d’essayer.
Forte de ses 6000 ans d’existence, la MTC est jalonnée de légendes, de grands noms ; ce qui représente un temps conséquent à appréhender pour en retirer la substantifique moelle.
Depuis maintenant quelques années déjà, je m’efforce, à travers mes cours, de créer l’alchimie entre les connaissances, le savoir-faire et la capacité d’appropriation.
Mon enseignement n’est pas figé, vertical, mais plutôt, enfin je l’espère, dynamique et respectueux de chacun. Je ne me contente pas de transmettre des enseignements que tout un chacun peut trouver en ouvrant un ouvrage de MTC. Je décortique les savoirs avec les étudiants en m’appuyant sur la théorie fondamentale à laquelle je combine mon expérience en cabinet pour leur apporter un cheminement plus appréhendable.
La théorie fondamentale est la base de la MTC et, pour autant, si on ne lui associe pas la pratique, elle demeure à mon sens une science « morte ».
J’ai toujours mis un point d’honneur, que ce soit dans mes cours ou dans mes interventions diverses lors de conférences, à partager le fruit de mes expériences en cabinet en montrant notamment l’alliance entre théorie fondamentale et pratique.
Ce qui, pour moi, reste primordial, c’est rendre concrètes des notions qui, par leur ancienneté et leur éloignement culturel de nos habitudes occidentales, peuvent parfois sembler nébuleuses ou inadaptées.
Lorsque je conçois un cours, je l’organise autour d’une thématique abordée sous l’angle de l’interaction avec les étudiants au travers d’échanges (questions-réponses), de vulgarisations de notions, de mise en évidence de certains éléments ; le tout agrémenté d’exemples, dans un support de cours que j’espère clair et complet.
Dès que la situation s’y prête, je propose des démonstrations pour la mise en pratique.
Être au plus proche des étudiants, pouvoir répondre à leurs interrogations, adapter son enseignement pour que chacun y trouve son compte ; me semblent être l’alpha et l’oméga d’un cours qui restera dans les mémoires et donnera envie d’aller plus loin, d’aiguiser la curiosité : « être le même pour tous et différent pour chacun ».
Transmettre ce savoir complexe et riche qu’est la MTC ne peut se faire qu’à travers un cours vivant, alternant des phases : de transmission orale, de traduction simplifiée, d’illustrations, de retours d’expérience, de légendes, d’échanges pour infirmer ou confirmer des informations, de pratiques quand elles sont nécessaires; permettant à chaque élève, qu’il soit auditif, visuel, sensitif, proprioceptif, de s’y retrouver. Partager des émotions, les accueillir, les apaiser parfois, fait aussi partie intégrante du processus d’apprentissage.
En tant que professeur, je n’oublie pas que nous avons tous été l’élève de quelqu’un un jour.
J’ai eu la chance d’apprendre avec de merveilleux professeurs qui restent des exemples qui ont su susciter chez moi l’envie et la soif de connaissances.
Je leur reste fidèle en essayant, à mon tour, de transmettre ce savoir qu’ils m’ont appris, étayé de mon expérience mais aussi de mes propres recherches. C’est pourquoi, j’espère que je parviens à transmettre la même passion à mes étudiants… j’aime terminer un cours avec la maxime de Bouddha :
« Ne suivez pas mon enseignement aveuglément, éprouvez-le par vous-même ».
Aussi important que le savoir et le savoir-faire, le faire savoir est la pierre angulaire d’un bon enseignement.
J’ai commencé en tant que professeur il y a 15 ans maintenant, j’ai enseigné dans diverses écoles à des niveaux différents : des débutants aux confirmés.
Cet enseignement n’a pas été continu, du fait de mon manque de temps par rapport à mon activité en cabinet et, aussi, parce que j’ai choisi, à d’autres moments, de redevenir moi-même étudiant dans des formations de phytothérapie, de rebouthérapie, etc. et ceci, en quête de toujours en découvrir plus.
Cependant, bien que ces formations m’aient apporté des compléments fort intéressants, la MTC reste pour moi l’essence de ma pratique.
J’ai aussi eu la chance d’être le professeur personnel de plusieurs étudiants que j’ai suivi régulièrement dans leur cheminement sur la voie de la MTC.
Quand JZ Académie m’a proposé d’enseigner dans une école naissante, j’y ai vu le moyen de continuer à partager ce qui, pour moi, vous l’aurez compris, est un outil formidable dans la complémentarité de toutes les médecines, dans un endroit symbolique, empreint à la fois de traditions et de modernité.